Détours (Parcs) est une installation en vitrine dans le centre-ville de Sherbrooke dans le cadre de l’événement Trameæ où dix vitrines inoccupées du centre-ville de Sherbrooke sont occupées par des oeuvres in situ. L’événement est une initiative de l’organisme De Cause à Effets, sous la direction de Marie-Claude Plante, qui a pour but de développer des liens stratégiques entre l’art et le monde des affaires.
https://lecentro.co/artenvitrine/
Texte de la commissaire Maude Hénaire :
Dans une approche nourrie par le documentaire, Myriam Yates propose des images contemplatives dans lesquelles les temporalités se chevauchent et où le temps semble suspendu. Avec sa récente série photographique réalisée sur le thème du parc urbain, l’artiste pose un regard singulier sur ces espaces autres nés de l’ère industrielle.
Si leur typologie a considérablement évolué depuis leur prolifération au milieu du XIXe siècle – de jardin ornemental aux terrains de jeux d’aujourd’hui –, les parcs ont pour fonction commune d’améliorer la qualité de vie des citadin·es. Réhabiliter et réinvestir les interstices qui rythment la ville pour en optimiser l’expérience sont des actions qui témoignent d’une volonté toujours plus assumée d’augmenter l’indice de bien-être des citoyen·nes, mais qui procède aussi d’une logique quelque peu glissante de rentabilité.
Et alors qu’on les imagine emplis de vie, les parcs se retrouvent ici vides et empreints de solitude. Avec ses photographies des parcs sherbrookois Marie-Reine-du-Monde, Bureau, Victoria et des Roseraies, Yates examine des aménagements et des modules dont l’usage est destiné aux enfants. Labyrinthe initiatique aux trouées géométriques, barreaux de métal et blocs de béton permettent ainsi d’explorer l’espace en surface ou en hauteur. Certains de ces modules rappellent d’ailleurs une époque où la sécurité était moins obsédante : mais qu’advient-il au développement de l’enfant lorsque le jeu n’implique aucune prise de risque? Et quel espace offrons-nous dans nos villes aux adolescent·es ?